Rétrospective sur les actions et réalisations d’Ibuka – Mémoire & justice

Excellence Monsieur l’ambassadeur du Rwanda en Belgique,

Honorables et distingués participantes et participants à ce colloque,

Mesdames et Messieurs en vos titres et qualités,

Le rôle qui m’a été assigné dans ce colloque consiste à vous rappeler sommairement les actions et réalisations d’IBUKA-Mémoire et Justice de Belgique au cours de ces quasi 25 ans de son existence qui a débuté le 16 août 1994, soit un mois et demi après l’arrêt du pire des génocides de toute l’histoire humaine connue, le génocide perpétré au Rwanda contre les Tutsi par le ‘Hutu power’ et ses complices.

Permettez-moi, en hommage à plus d’un million de victimes horriblement massacrées en 100 jours et aux rescapées déjà décédées, anéanties par les séquelles multiples et multiformes de cette ignominie ou encore difficilement vivantes (parmi lesquelles la plupart d’entre nous), permettez-moi de vous rappeler une des premières et prioritaires injonctions de tous les Ibuka, complainte souvent inscrite au frontispice des Soirées mémorielles et Actes d’Ibuka-Mémoire &Justice :

« IBUKA, IBUKA, NTUKIBAGIRWE NA GATO
YA MINSI Y’AMALIRA, AMAJORO Y’AMAGANYA
YA MIVU Y’AMARASO, UBWO ABACU BASHIRAGA…
 »

(Suzanne Nyiranyamibwa)

« N’OUBLIEZ-PAS QUE CELA FUT
NON, NE L’OUBLIEZ PAS
GRAVEZ CES MOTS DANS VOTRE COEUR
PENSEZ Y CHEZ VOUS
DANS LA RUE
EN VOUS COUCHANT
RÉPÉTEZ-LE A VOS ENFANTS…….
 »

(Primo Levi).

Ibuka-Mémoire & Justice est le fruit de pleurs, de désarroi, de nuits d’insomnies et d’incommensurables souffrances mais aussi du refus d’accaparement et d’anéantissement par cette inconcevable  » flétrissure  » de l’humanité, qui a été inséminée dès 1957 dans les cœurs et les esprits d’une partie de la composante numériquement majoritaire du pays, passée sous influences néfastes de certaines puissances coloniales et religieuses aux abois, confrontées aux vents des indépendances africaines et mondiales et refusant le changement planétaire alors en cours de la domination coloniale et colonialiste de l’occident.

Grâce soit rendue aux premiers visionnaires qui ont conçu cette idée géniale et féconde d’Ibuka-Mémoire et Justice. Grâce soit rendue surtout à celui qui, avant tout le monde, après des nuits exécrables d’insomnie et des jours de questionnements et de conseils d’amis proches, a décidé d’incarner cette vision et de la pérenniser dans et par une association sans but lucratif (asbl) baptisée du nom IBUKA-Mémoire et Justice, le 16 août 1994. Je veux parler de Monsieur Eugène Mutabazi et de toutes les personnes autour de lui qui ont eu une part quelconque tant dans la conception que dans l’aboutissement de cette idée.

Parmi ces personnes il convient de citer les ami(e)s très proches d’Eugène Twagira Mutabazi : Messieurs Karongozi André -Martin, Bizimana Jean (à qui nous devons le nom d’IBUKA), Mesdames (actuellement) Uwimabera Rosalie et Dessart Vivianne.

Les aides très précieuses pour que ce projet prenne réellement corps et vienne à la vie proviennent des personnalités suivantes par ordre chronologique et non d’importance :

  • Rainé Raindorff (le premier contact, éclaireur, portier d’une voie éternellement ouverte et ami du second contact),
  • Me Michel Graindorge (second contact et grand artisan de la naissance, de l’éclosion d’Ibuka dans son bureau d’avocat en même temps engageant, engagé et très charismatique, bureau où se tenaient les réunions nocturnes ayant mené, grâce à lui, aux premiers statuts d’Ibuka-Mémoire et Justice.

Je vous prie de rendre un grand hommage à cette exceptionnelle personnalité qui partage la paternité d’IBUKA-Mémoire et Justice avec le premier président de l’association et ses autres acolytes.

  • Le Professeur Jean-Philippe Schreiber, qui, introduit auprès d’Eugène Mutabazi par Me Graindorge, est devenu conseiller quasi perpétuel d’Ibuka Belgique depuis août 1994 et a vite partagé avec nous nos tourments et nos douleurs en visitant le Rwanda converti en immense Cimetière couvert d’innombrables charniers, accompagnant le Président d’Ibuka, Monsieur Eugène Twagira Mutabazi. C’était en janvier 1995, période au cours de laquelle les deux visiteurs ont pu toucher du doigt la mort du Rwanda et récolter des documents audiovisuels d’une valeur inestimable. Par la suite il a soutenu Ibuka, pendant ces 25 ans passés, à travers tous les méandres qu’elle a traversés.
  • Plusieurs autres personnes assidues à ces réunions nocturnes, œuvrant dans l’ombre ou la pénombre, dont certaines sont en encore avec nous et qui se reconnaîtront dans ces lignes, ont eu une part non négligeable dans ce début de l’Odyssée d’Ibuka.

Les personnes fondatrices et constituantes de l’asbl Ibuka-Mémoire et Justice, séléctionnées et reprises dans les premiers statuts d’Ibuka-Belgique sont les suivantes : Eugène Twagira Mutabazi,Vivianne Rutayisire, André-Martin Karongozi, François Sebatasi, Jean-Marie Nackers, R.Chelly De Baerdemaeker, Rosalie Mututsikazi-Toussaint ). ( Premiers Statuts d’Ibuka-Mémoire et Justice publiés au Moniteur Belge le15.03.1995    Num.d’identification : 4920/95).

Puis-je solliciter vos applaudissements nourris en l’honneur de tous ces pionniers et pionnières ?

(Et dire que la plupart d’entre eux et d’entre elles étaient encore étudiants ou étudiantes universitaires ou frais (fraiches) émoulu(e)s des universités ou des grandes écoles !)

A titre de rappel, voici la composition du premier CA d’Ibuka-Mémoire et Justice :

  • Mutabazi Eugène=Pdt;
  • J-M Nackers=V/Pdt;
  • Vivianne Dessart = Secr;
  • Chelly Debaerdmacker=trésor;
  • Fr. Sebatasi,
  • D. Sebashongore, Ros. Mututsikazi =Adm.

LISTE DES PRESIDENTS ET PRESIDENTES IBUKA (1994 à 2019)

  1. MUTABAZI Eugène
  2. KAGERUKA Pasteur
  3. KarongozI  André-Martin
  4. Kayitakire François
  5. Kalisa Placide
  6. Gakumba HANGU Albert
  7. Rutayisire Eric
  8. Mazina Déo
  9. Lyamukuru Félicité

Identité d’Ibuka-Mémoire et Justice

Comme la plupart d’entre vous le savent déjà, les visées d’Ibuka-Mémoire et Justice de Belgique sont les suivantes :

  • perpétuer la mémoire des victimes,
  • honorer leur mémoire ainsi que celle de toutes les personnes qui ont combattu le génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda,
  • assister et défendre les rescapé(e)s de ce génocide,
  • prendre et appuyer toutes les initiatives visant à  retrouver et juger les responsables de ce génocide,
  • lutter constamment contre la banalisation, le négationnisme, le révisionnisme
  • renforcer la résilience des rescapé(e)s par différentes voies,
  • créer des lieux et des fondations de mémoire,
  • transmettre la mémoire aux jeunes générations.

Des variantes de ces visées peuvent exister dans les statuts d’autres IBUKA mais le fond demeure le même.
Il faut signaler que l’asbl Ibuka-Belgique s’est volontairement mise sous l’égide de la fondation Ibuka-Rwanda non encore née mais considérée déjà comme la pierre angulaire de toutes les associations Ibuka de la planète Terre.

Ibuka-Rwanda est née le 14/11/1995, sur incitation d’Ibuka Belgique.

Notons aussi que chaque Ibuka dispose d’antennes dans quelques grandes villes de son pays d’implantation.

Principales Réalisations d’IBUKA-Mémoire et Justice de Belgique

Au cours de ces 25 dernières années les faits saillants des actes Ibuka-Belgique peuvent se résumer comme suit :

a) L’essaimage d’Ibuka Belgique ou la naissance d’autres Ibuka. Ces associations sont connectées actuellement en réseau. Nous en comptons 7 réparties  sur l’Afrique (1) et sur l’Europe Occidentale (6) :

Voici tout d’abord leur implantation ainsi que les dates de naissance des diverses associations IBUKA :

  • IBUKA – BELGIQUE : 16 août 1994 (CENTRE LABELLISÉ le 01 avr. 2010)
  •       »      – SUISSE : 28 mai 1995
  •       »      – RWANDA : 14 nov. 1995
  •       »      – HOLLANDE : 27 août 2003
  •       »      – FRANCE : 07 avril 2002 (Assoc.d’intérêt général le 10 mars 2010)
  •       »      – EUROPE : 29 oct. 2002
  •       »      – ITALIE : 23 nov. 2015

1) Il paraîtrait que l’équivalent d’Ibuka-M&J au Canada, Page Rwanda, aurait vu le jour en juin 1994 et reconnu comme organisme de bienfaisance au Québec en mars 2010.

2) La création d’IBUKA-EUROPE lors de la présidence de Kayitakire François à IBUKA-Belgique peut être saluée comme étape très importante en vue d’une plus grande visibilité et de plus de poids, d’influence et d’efficacité de l’asbl Ibuka-Mémoire et Justice.

Ci-après les coordonnées sur le net des sites des diverses Ibuka actuellement :

– Belgique : http://ibuka.be; www.ibuka.net
– SUISSE : www.ibuka.ch
– France : www.ibuka-france.org; www.ibukafrance.free.fr
– Hollande : ibuka-hollande.nl
– Europe : www.ibuka-europe.org
– Italie : ibuka italia-memoria e gustiza (facebook).

b) L’adoption d’une qualification sans ambiguïté du génocide perpétré au Rwanda contre les Tutsi.

IBUKA-Belgique a décidé dès 1997 d’utiliser la qualification de génocide perpétré contre les Tutsi par le Hutu power et ses complices.

Ceci n’a pas été de tout repos et des résistances se découvrent encore à ce propos surtout en France, au Canada et en Belgique malgré 2 décisions ou résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU de 2014 et de 2018( la dernière émanant du projet présenté par l’ambassadeur Valentine Rugwabiza, adopté à l’unanimité lors de la 77ième réunion plénière de « l’Assemblée Générale des Nations Unies» stipulant une correction et une adoption de l’appellation sans ambiguïté de «Génocide contre les Tutsi au Rwanda».

c) La structuration et l’institutionnalisation du jour de commémoration : le 7 avril de chaque année :

Marche aux flambeaux jusqu’au Palais de Justice, discours tant sur les droits

des victimes suppliciées ou survivantes et lancements d’alertes aux responsables politiques devant le palais de justice de Bruxelles ; marche suivie d’une Soirée ou Veillée du Souvenir, telle est la structure de cette journée.

Dès la fondation d’Ibuka Belgique, la date du 7 avril a été choisie pour éviter toute confusion ou tout amalgame. Le gouvernement du Rwanda, Ibuka-Rwanda ainsi que tous les autres Ibuka ont adopté la même date et pratiquement la même structure de la journée.

« L’ONU, le 26 janvier 2018, a décidé (aussi) de faire du 07 avril «une Journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994….»

Nous pouvons nous en féliciter.

d) Synergies avec des associations sœurs des communautés partageant avec nous le même destin (Juifs et Arméniens :  Fondation pour la mémoire de la Shoah, COB, CCLJ, Résistances, CAB), et d’autres associations de Belgo- Rwandais(es) , dédiées à la Justice ou à la défense et à l’histoire des victimes du génocide préparé de longue date par différents acteurs consciemment ou non installés soit au Rwanda soit en dehors du Rwanda ( CCRG,SYNERGIES NOUVELLES et MPORE notamment),

e) Aides aux victimes du génocide contre les Tutsi lors des procès de responsables du génocide commis au Rwanda en 1994 (membres d’Ibuka-Belgique se constituant parties civiles ou plaidant pour les victimes) et soutiens des organisations naissantes des rescapé(e )s au Rwanda (AVEGA, ARG).

f) Interpellations et alertes au niveau international et régional par des écrits aux institutions supranationales (ONU, Conseil de Sécurité, TPIR) ou nationales,

Toutes les associations IBUKA collaborent avec d’autres associations dédiées exclusivement aux poursuites pénales. Les interpellations sont adressées au plus haut niveau de la hiérarchie onusienne. Dans certains cas, nous les invitons dans nos colloques comme Me Karongozi A-M l’a déjà fait en 2007. Madame Carla Del Ponte a répondu à l’invitation d’Ibuka Belgique dans un colloque tenu à l’ULB et a été interpellée sur certaines dérives du TPIR  (02/02/2007) et a dû éclaircir la position du TPIR.

Autres exemples : – 10/10/2003, document adressé à Monsieur Koffi Annan, Secr.Gen.DE L’ONU contenant des Observations à propos de la justice rendue par le TPIR, document signé par les présidents d’IBUKA-EUROPE + CPCR: (Fr. Kayitakire (IBK.BE), G. Tshondo (IBK.CH), E. Brossard (IBK.FR), A. Gauthier (CPCR.FRANCE).

-24 sept. 2010, Lettre ouverte d’IBUKA-EUROPE à Monsieur Ban Ki-Moon, Secr.Gén.des Nations Unies, donnant la position et les critiques d’Ibuka-Europe contre le Projet Mapping (signée par IBK. Suisse (Dr M.Gakuba et J-P.Bugabo), IBK.Belgique (A.Gakumba Hangu), IBK.France (M.Kabanda), IBK.Hollande (Dr N.Gakuba).

g) dénonciations dans les médias de certaines anomalies en rapport avec le
traitement juridique des victimes du génocide commis contre les Tutsi au Rwanda, contre des propos négationnistes ou révisionnistes,

e.g. : 24/09/2010 PROJET MAPPING : Lettre ouverte à Monsieur Ban Ki-Moon  Secr. Gen.des Nations Unies– Position des associations IBUKA -EUROPE sur le projet Mapping (Inscription en faux contre des tentatives d’amalgame et de détournement des faits en fait pour équilibrer les crimes qui n’ont rien de semblable et  en se dédouanant de sa responsabilité dans ces crimes).

e.g. : 25/01/2002 Rupture avec le TPIR par Ibuka-Rwanda et Ibuka-Belgique (via IBUKA-Europe) ainsi qu’AVEGA suite à de nombreuses anomalies constatées (Erreurs de fond et de procédures, dans le secteur des agents de la cour et celui des avocats de la défense (Réf : Fondation Hirondelle : Agence de presse Hirondelle à Arusha News du 25 janvier 2002).

h) Lutte en général contre le Négationnisme, qui pour nous contient aussi le révisionnisme. Ce n’est pas deux notions différentes.

E.G: Mutabazi Eugene, A-M Karongozi, Fr. Kayitakire, Pl. Kalisa, Gakumba H.A., E. Rutayisire et D. Mazina donc pratiquement tous les présidents d’Ibuka Belgique ont clarifié quelques situations dans les médias Belges parfois à plusieurs reprises. Chaque ex président pourrait citer ses interventions ici. Pour ma part, j’ai du répondre à la LLB (article du 09/02/2011 ‘’Rwanda : l’inquiétude des rescapés’’ ) qui prêtait à Ibuka-Belgique des intentions purement imaginaires (voir Notre droit de réponse : Perpétuer la mémoire des victimes 01 mars 2011).

 i) transmission de la mémoire dans les écoles depuis 4 ans.

Ce domaine est en friche et les manuels sont en préparation ainsi que les visites dans certaines écoles de Wallonie et Bruxelles.

Projets

Les projets pour l’avenir de toute association Ibuka, voix des victimes sans voix massacrées ou survivantes ne tiennent parfois qu’en revendications non abouties, au frigo ou au congélateur dans certaines instances internationales ou dans certains pays qui, par peur d’éclaboussures de certains faits patents de leur implication physique, stratégique ou morale touchant à la préparation, au déclenchement, à la réalisation de ces forfaits plus que macabres, croient pouvoir jouer avec le temps pour enfouir à jamais leurs parts de responsabilité dans ce crime des crimes contre humanité. Il ne faut pas oublier cependant que le crime de génocide est imprescriptible.

Les revendications suivantes posent encore question et attendent des réponses justes, humaines et satisfaisantes pour tout être humain comptable de ses actes :

  • Pourquoi le mandat du TPIR a été écorné et n’à pu aller à son terme ?
  • Pourquoi le TPIR a exclu la question des indemnisations des victimes survivantes et des parties civiles ?
  • Pourquoi certaines institutions mondiales et certains pays tentent d’étouffer les poursuites de ces procès anti-génocidaires malgré l’imprescriptibilité de ce crime absolu ?

Il faut que les procès continuent et que l’on exige des comptes à certains pays et institutions qui ont semé ou nourri ou accompagné sans arrêt ou recul cette monstruosité contre l’humanité toute entière…

  • Pourquoi ignore-t-on la détresse et le soutien des femmes et filles violées par ces monstres génocidaires souvent traités nettement mieux qu’elles dans leurs prisons du TPIR ?
  • Pourquoi ne craint-on pas un Fonds de réparation pour ce génocide commis  au su et au vu de toute la planète-Terre ?
  • Pourquoi la loi contre le Négationnisme du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda ne passe pas dans certains pays ?

Ce questionnement constitue une partie des projets d’Ibuka Belgique et d’Ibuka-Europe à moyen ou long terme.

A ceux-ci s’ajoutent plusieurs autres dont :

  • l’archivage convenable des documents Ibuka,
  • la transmission de la mémoire aux générations montantes en vue d’éviter toute récidive,
  • le soutien des témoins pour l’écriture de leur indicible calvaire…de leurs témoignages d’outre-tombe…

Au terme de cet exposé, nous constatons que le chemin parcouru par Ibuka en général et Ibuka Belgique en réseau avec Ibuka-Europe en particulier est satisfaisant mais semé d’embuches multiples. Il existe encore d’énormes problèmes encore pour les victimes directes et indirectes de ce génocide appelé par certains un génocide de proximité.

Afin de pouvoir continuer la lutte efficacement et de faire passer notre message de militantisme contre l’impunité, l’oubli ou le négationnisme de la pire flétrissure de l’humanité en promouvant la vérité des faits, la mémoire et le soutien des victimes innocentes ainsi que la transmission pour renforcer la résilience de tous les Rwandais (tant rescapés du génocide que génocidaires repentis) et ainsi
exorciser toute récidive là ou ailleurs,
il s’agit de concevoir de nouvelles stratégies et de nouvelles tactiques pour les prochains 25 ans.

Et puis, une des leçons à tirer de tous les génocides et à sauvegarder dans la tête de tout humain est celle-ci : Les mots tuent avant, pendant et après les armes.

Ceux qui ont initié tous les génocides commencent par des mots, puis, après leur forfait, minimisent ou nient leur responsabilité. Aussi, tout ce monde devrait être jugé au même titre que des génocidaires de premier plan.
C’est pourquoi ll est impérieux d’éduquer correctement les jeunes générations en leur inculquant un sens très critique depuis leur enfance pour jauger et juger des discours de valeur par rapport à son semblable.

Pour terminer, je vous exhorte à ne pas oublier cette complainte d’Ibuka et ces mots sur la Shoah :

« IBUKA IBUKA NTUKIBAGIRWE NA GATO
Ya MINSI y’AMALIRA, AMAJORO y’AMAGANYA
Ya MIVU y’AMARASO UBWO ABACU
bashiraga
IBUKA ! »

(S. Nyiranyamibwa)

« N’OUBLIEZ PAS QUE CELA FUT
NON, NE L’OUBLIEZ PAS
GRAVEZ CES MOTS DANS VOTRE COEUR
PRNSEZ-Y CHEZ VOUS
DANS LA RUE
EN VOUS COUCHANT
REPETEZ-LE A VOS ENFANTS…. »

(Primo Levi)

De tout cœur merci pour votre écoute, votre soutien à IBUKA, votre patience et votre empathie.

Gakumba Hangu Albert
Ex président d’Ibuka-M&J (Belgique)